Une invasion à Amiens
- Bernd
- 1 août
- 3 min de lecture
Le printemps 2025 marque une nouvelle étape dans la conquête urbaine du célèbre street-artiste Invader, qui a jeté son dévolu sur la ville d’Amiens, dans les Hauts-de-France. Après avoir envahi plus de 80 villes dans le monde (87 exactement) – de Paris à Tokyo, en passant par Los Angeles ou Marrakech – c’est au tour de cette cité picarde, connue pour sa cathédrale gothique et son riche patrimoine culturel, de devenir le terrain de jeu de l’artiste masqué aux mosaïques pixelisées.

Une « invasion » en bonne et due forme
Comme à son habitude, Invader ne prévient pas. Il frappe. À Amiens, une trentaine d’œuvres ont été posées discrètement durant le mois de Juin, couvrant différents quartiers de la ville, du centre historique aux zones plus résidentielles.
Chaque œuvre est une mosaïque murale composée de carreaux de faïence colorés, représentant des personnages inspirés des jeux vidéo 8-bit, notamment Space Invaders, mais aussi des figures spécifiques à la ville d’accueil. À Amiens, on reconnaît ainsi des clins d’œil à Jules Verne, illustre résident de la ville, ou encore à la cathédrale Notre-Dame d’Amiens, dont l’architecture gothique se voit détournée en pixels.

Une œuvre urbaine et numérique
Chaque pose est photographiée, géolocalisée, et reçoit un score symbolique (généralement 10 ou 50 points), comme dans un jeu vidéo grandeur nature.
Au-delà du simple jeu, le projet d’Invader interroge notre rapport à l’espace urbain, à l’art et au numérique. Ses mosaïques, bien que discrètes, redéfinissent notre manière de voir la ville : elles obligent le regard à scruter les façades, les angles, les hauteurs. L’art n’est plus confiné aux galeries : il devient itinérant, ludique et participatif.
Une réception enthousiaste
Du côté des Amiénois, la réaction est largement positive. Les réseaux sociaux se sont rapidement enflammés, avec des publications mentionnant la découverte d’un Invader sur tel ou tel bâtiment, et des débats sur la signification de certaines œuvres. La mairie, quant à elle, a salué une « initiative artistique originale » qui s’inscrit parfaitement dans la dynamique culturelle d’Amiens, labellisée Ville d’art et d’histoire.
Des enseignants ont même profité de l’événement pour organiser des chasses aux Invaders avec leurs élèves, transformant l’art urbain en outil pédagogique. Des commerçants locaux ont vu affluer des curieux venus « flasher » les mosaïques proches de leurs vitrines, générant un petit regain d’activité touristique inattendu.

Une œuvre illégale… mais tolérée ?
Comme toujours avec Invader, la question de la légalité se pose. L’artiste opère sans autorisation, de manière anonyme, souvent de nuit. Techniquement, ses interventions relèvent du vandalisme. Pourtant, comme à Paris ou Marseille, les œuvres d’Invader sont rarement retirées. Elles sont devenues des attractions culturelles, presque patrimoniales.
À Amiens, aucune destruction n’a été signalée à ce jour. Certaines rumeurs laissent même entendre que la ville pourrait envisager une collaboration officielle avec l’artiste, à l’instar de certaines municipalités qui ont fini par reconnaître la valeur artistique et touristique de ces mosaïques.
Une nouvelle étoile dans la galaxie Invader
L'invasion d'Amiens vient enrichir une œuvre tentaculaire qui dépasse désormais les 4 000 mosaïques posées à travers le monde. Elle illustre aussi la longévité d’un projet débuté à la fin des années 1990, à une époque où le street-art n’avait pas encore gagné ses lettres de noblesse.
En s’attaquant à Amiens, Invader rappelle que chaque ville peut devenir une toile, chaque mur un support, chaque passant un joueur potentiel. Avec ses petits carreaux de céramique et ses références nostalgiques à la culture geek, il continue à semer de la poésie pixelisée dans le béton des villes.
L'invasion d'Amiens par Invader n'est pas un simple événement artistique : c'est une expérience collective, un jeu grandeur nature, un hommage discret à la ville et à sa culture. En détournant les codes du street-art, du jeu vidéo et du patrimoine, Invader transforme notre quotidien urbain en aventure ludique et contemplative. À vous maintenant de lever les yeux… et de jouer.
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